mardi 25 septembre 2012

Contes et légendes : La feuille de bétel et la noix d'arec

Il était une fois deux frères se ressemblant comme deux gouttes d'eau. Ils grandissaient ensemble et s'aimaient beaucoup.
Mais en grandissant, ils tombaient tous les deux amoureux d'une belle fille du village voisin.
La jeune fille choisissait l'aîné et se mariait avec lui.
Il était très amoureux de sa femme et avait pris l'habitude de rentrer à la maison au milieu de la journée pour être auprès d'elle.

Un jour, victime d'une insolation, le cadet demandait à son frère de le remplacer au champ et regagna la maison pour se reposer.
Il allait s'allonger sur le sofa du salon, après avoir fermé les volets pour mieux s'abriter de la vive lumière du jour.
L'épouse, revenant du jardin où elle était allée cueillir quelques légumes, apercevait dans la pénombre un corps étendu.
Croyant que c'était son mari, elle ne le réveillait pas et, se glissant à ses côtés, s'endormait.
Entre-temps, ayant fini son travail, le frère aîné rentrait à son tour.
A la vue de son épouse et de son frère ainsi couchés, il se mettait dans une grande colère, puis sombrait dans une immense tristesse.
Et, bien que son épouse lui eût expliqué sa méprise, il maudissait le mauvais sort qui avait permis à la trahison de s'introduire dans sa famille.

Le frère cadet, désespéré, quittait le pays, s'accusant d'avoir été à l'origine de ce malentendu.
Pour lui, c'était une manière de sauver le bonheur de son frère aîné. Voyageant sans but, il arrivait un jour sur le bord d'un grand fleuve et y mourrait épuisé.
Il était alors transformé en un bloc de pierre calcaire.

L'aîné qui se reprochait le départ de son frère partait à sa recherche.
Lui aussi arrivait sur le bord du fleuve, au même endroit où le cadet était devenu pierre.
Lui aussi y mourrait et devenait un aréquier poussant à côté du bloc calcaire.
Sa femme après une vaine attente, partait à son tour à la recherche de son mari.
Elle aussi arrivait au même endroit que les deux hommes et y mourrait également épuisée.
Elle se transformait en une liane, le bétel, ses vrilles entourant le tronc de l'aréquier.

Le roi Hung Vuong, sixième du nom, apprit cette histoire d'amour fraternel et de fidélité conjugale.
Il décrétait que le noix d'arec, la feuille de bétel et la chaux soient utilisés dans l'avenir comme objets votifs pour les cérémonies de mariage.
On s'aperçut que cet amalgame protégeait les dents et conservait l'haleine fraîche.

Voilà pourquoi beaucoup de gens de ce pays ont l'habitude de chiquer la feuille de bétel, que l'arec est planté partout et qu’il constitue un élément caractéristique de la campagne vietnamienne.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire